Fille en colère sur un banc de pierre

Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dãu renoncer.Elle se le râepâeta bien un million de fois toutes les annâees qui suivirent. Elle eut d’ailleurs une hâesitation, peut-ãetre valait-il mieux rester, se rallonger dans la chambrâee, áa âecouter ses deux autres soeurs qui gesticulaient dans leur sommeil, pâetaient et miaulaient sous leurs draps áa cause de leurs rãeves lascifs tout juste pubáeres. Peut-ãetre valait-il mieux abdiquer, enrager, et se dâelecter de sa rage, puisqu’il y a un plaisir dans l’abdication, cela va sans dire, le plaisir tragique de la passivitâe et du dâepit, le plaisir du drapage dans la dignitâe, on ne nous laisse jamais rien faire, on a juste le droit de se taire, on nous enferme, alors que les autres láa-bas au loin s’amusent et se goinfrent, qu’est-ce que j’ai fait dans mes vies antâerieures pour mâeriter ðca, oh comme je suis malheureuse.Peut-ãetre aussi que le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais le jeu, n’est-ce pas, en vaut rarement la chandelle. Le jeu n’est dâesirable que parce qu’il est le jeu.”Vâeronique Ovaldâe, áa travers l’histoire d’une famille frappâee par une mystâerieuse tragâedie, ausculte au plus práes les relations que nous entretenons les uns avec les autres et les incessants accommodements qu’il nous faut dâeployer pour vivre nos vies.– Back cover